Nous sommes 20 au départ de cette marche à partir de l’étang communal d’Ouzouer-sur-Loire. La température est fraîche, mais les cœurs sont chauds, et les jambes sont affûtées et prêtes pour un circuit vraiment très agréable, avec des chemins « carrossables » comme disait mon grand-père. Beaucoup de plaisir, donc à traverser la forêt domaniale d’Orléans, qui nous le rappelons fait 36 086 hectares, c’est grand, très grand… D’abord examinons le chêne Paris, du nom d’un forestier, dont la circonférence de 5 mètres a permis difficilement à nos quelques marcheuses volontaires de faire le tour avec leurs petits bras.
Nous avançons ensuite vers le maquis de Lorris, regroupant ceux de Vitry-aux-Loges et Chambon-la-Forêt, pour atteindre, en mai 1944, 600 hommes instruits par des « Cyrards » (du lycée militaire de Saint-Cyr). Ils se sont installés notamment au Ravoir (étang du Ravoir). Ces maquis étaient composés pour la plupart d’ouvriers forestiers qui voulaient échapper au STO (Service du Travail Obligatoire en Allemagne). En juillet et août 1944, le but de ces patriotes était surtout de ralentir la progression des unités allemandes destinées à s’opposer au débarquement allié. Malheureusement la lutte sera inégale et les morts seront nombreux (entre 60 et 80). Tout avait été fait pour accueillir 3 compagnies, l’état-major, les cuisines, l’armurerie, la radio, avec des fontaines naturelles et des tentes en toile de parachute pour dormir à 10. Le camp n’existe plus mais nous traversons le site de celui-ci, avec le respect et la gravité qui s’imposent pour ces jeunes de 20-22 ans qui ont donné leur vie pour la France. Des cénotaphes nous rappellent leur sacrifice.
Halte ensuite au repaire ornithologique, d’où nous aurions pu observer le Balbuzard pêcheur, qui niche près de l’étang. Conchita la femelle observée en Espagne vient y faire son nid en avril. Nous n’avons pas vu Conchita, mais nous avons quand même tout vu dans nos têtes.
Les étangs sont pleins et débordent un peu sur les côtés, la nature commence à avoir des teintes automnales. Peu d’animaux, car nous faisons trop de bruit, quelques moutons, et peu de chiens hurleurs. L’ambiance est bonne, elle monte encore d’un cran lors de notre pause campagnarde, plutôt forestière. Après 18 kilomètres, le soleil ne s’est pas montré, mais nous sommes heureux. Dans ce monde de folie, nous constatons chaque fois qu’avec Saint-Jean Bien-Être, nous vivons de bons moments de sérénité, d’amitié, de partage (partage de bons gâteaux), et de culture physique. L’alchimie péremptoire de la nature peut nous amener aussi bien des drames comme en Espagne que des beautés éclatantes et émouvantes.
C’est pour ces raisons que cette marche était dédiée à Bernard Guillet qui nous a quittés. Nous avons eu une pensée émue pour le rôle majeur de Bernard qui nous a montré le chemin, dans cette section marche de Saint-Jean Bien-Être, notamment dans nos marches du Vendredi. L’œil vif, la parole juste et les jambes alertes (témoins de son passage au club de foot l’Arago d’Orléans) étaient les bons indicateurs de sa passion pour la marche en pleine nature, qu’il partageait avec nous.
Merci à notre guide conférencier Alain, et à son assistant Michel, pour les repérages, les commentaires et la bonne organisation de ce 8 novembre.
Prochain rendez-vous, le dernier de l’année : 7 h 15, parking de Montission
le Vendredi 13 décembre (pensez à faire une grille de Loto)
Texte : Dominique Chevalier
Photos : Alain Charderon et Dominique Chevalier
Pour les amateurs de blason, et de balbuzard pêcheur : 2 annexes. Il y a aussi beaucoup de vidéos sur le balbuzard et la webcam du nid. Bonne lecture.