Voyage au pays catalan du lundi 19 au jeudi 22 octobre 2020
Lundi : Départ de Montission à 6 h, nous sommes 58 personnes. A l’aire du Centre de la France, nous changeons de chauffeur, Gérard succède à son patron. Nous arrivons à Nant dans le village vacances où un déjeuner aveyronnais nous est servi (saucisse, tripoux et aligot). Nous reprenons notre route pour Tautavel. Arrivée à la résidence à 17h45. Chacun de nous prend sa place soit dans des gîtes, soit dans des chalets. Après une réunion d’accueil, nous faisons connaissance des propriétaires, du barman et de notre guide Stéphanie.
Nous commençons notre soirée par une dégustation de vins doux naturels du domaine de Bonzoms. Notre première dame Maryvonne a fait honneur à la gente féminine en buvant à la régalade, tandis que notre « chef » Patrick fut intronisé de façon renversante … ce qui a bien sûr entrainé les rires de toute l’assemblée. Après notre savoureux dîner aux parfums catalans, nous assistons à un documentaire sur les Pyrénées Orientales, le pays Cathare et son histoire et les sites que nous allons visiter.
Mardi : Nous reprenons notre car avec Gérard et Stéphanie pour la visite de Perpignan. Du haut de ses 2784 m le mont Canigou (dent de chien) s’offre à nous avec son sommet enneigé. C’est la montagne sacrée des Catalans. Nous prenons d’assaut deux trains touristiques « Muson River 1894 », à la découverte de la ville médiévale en passant par la porte Notre Dame. Nous voyons la cathédrale Saint-Jean-Baptiste et son campanile de 18 m, le Castillet « musée catalan » fait de briques et de marbre rose. Ce même marbre que l’on retrouve sur les trottoirs de la ville. Nous longeons la promenade des platanes chère à Charles Trenet, et l’on suit l’enceinte de la ville adossée à la colline faite de galets de la Têt et de briques rouges. Nous rentrons dans le quartier Saint-Jacques et ses fameuses processions de la Sanch en robe rouge ou noire et de hauts chapeaux coniques noirs, son jardin de Miranda qui domine la plaine du Roussillon. C’est le quartier des gitans sédentaires, très coloré et animé mais aussi très sale. Nous passons devant le 13ème régiment de la Légion Etrangère et nous redescendons vers le centre. Nous apercevons le Palais des Rois de Majorque (1276 à 1364). Il représentait l’âge d’or de Perpignan. Le cœur de la cité est ponctué de petites places, de parcs, de berges verdoyantes et du palmarium (allée bordée de palmiers) sans oublier son quartier Art Déco.
Quelques statues célèbres : Dali (1904-1989) sur sa chaise haute face à la gare sur la place catalane qui a proclamé Perpignan « centre du monde ». François Arago (1786-1853) connu pour ses recherches astronomiques et physiques. Il était également un politicien très actif à Perpignan et la Vénus sans collier en Bronze place de la Loge.
Nous laissons Perpignan, ville de contrastes saisissants pour Collioure sur la côte vermeille où un repas nous attend à la Frégate (salade catalane, bar et profiteroles au chocolat). Divisé en 4 groupes, nous visitons la fabrique d’anchois Desclaux, (petite déception quand on a su que les anchois venaient d’Argentine). Puis nous bénéficions d’un temps libre. La plupart d’entre nous l’ont mis à profit pour visiter les hauteurs de Collioure, les vignes et Port-Vendres à bord du train touristique de Collioure. Pour conclure la visite, Stéphanie nous propose un cheminement commenté à travers les ruelles pentues aux maisons colorées à l’écart du centre, de ses magasins et restaurants. Bon moment peut-être un peu frais en fin d’après-midi.
Nous regagnons notre village vacances où une sangria nous attendait ainsi qu’une superbe et savoureuse paella en poêlon individuel et pour finir une crème catalane. Retour dans la salle principale avec les Latinos Lovers et leur show de chansons andalouses et gipsy.
Mercredi : nous partons à 9h05 pour Villefranche-de-Conflent. Sur ce trajet, Stéphanie nous documente sur la végétation : les roseaux appelés canisses, les bougainvilliers, les citronniers, les figuiers ainsi que la vigne en espalier. En montagne, nous retrouvons des chênes verts, du thym, du romarin, des lauriers, des amandiers et des champignons. Dans la plaine du Roussillon, les cultures changent, nous avons plus de fruitiers car ils sont mieux irrigués grâce aux différents barrages sur la Têt. On traverse plusieurs villages avec toujours du marbre rose sur les églises comme à Millas, puis Prades avec la dernière briqueterie et ses concerts de musique classique en août (violoncelliste Pablo Casals). Cette ville est aussi le point de naissance du drapeau catalan rouge et or.
On arrive à Villefranche-de-Conflent avec ses deux portes (France et Espagne), son fort Liberia et ses 1200 marches construit par Vauban sous Louis XIV. On accède au fort par un souterrain de 800 marches taillé à 70% dans la roche. On passe le pont Saint-Pierre et on traverse bien nostalgiques les rails du Train Jaune, « TGV – train à grandes vibrations comme le dit Stéphanie ». Dans la ville, les commerçants ornent leur devanture avec de très belles enseignes. C’est également le pays des gentilles sorcières… Nous y reviendrons durant notre déjeuner. Au détour d’une des deux rues principales, nous découvrons le beffroi et sa tour de viguier haute de 20 mètres. Les trois entailles sur la colonne gauche servaient d’étalonnage pour vendre les tissus sur la place du marché. Les rivières Têt et Cady serpentent autour de ce village où la devise du fort est « je demeurerai inébranlable ».
Nous reprenons notre car direction Mont-Louis. La richesse de cette région, bien sûr le train jaune mais aussi l’or blanc (les stations de skis Font-Romeu) et les sources d’eau chaude au soufre. Le restaurant « Le Clos Cerdan » nous accueille et nous régale avec son entrée saucisson brioché, son poulet catalan et son framboisier. C’est là qu’on retrouve notre gentille sorcière. En effet, le Chef est venu avec un énorme gâteau d’anniversaire muni de bougies pour les 54 ans de Gérard notre chauffeur. Stéphanie lui offre également une gentille sorcière qui a pris place sur le rétroviseur intérieur du car. Séquence émotion quand nous avons tous repris en cœur « joyeux anniversaire », Gérard était ému et ravi de cette attention.
Tiens et si on parlait un peu du car flambant neuf de Gérard. Son coût 470 000 euros. Il a un moteur de 13000 cm3, 550 chevaux, 2.85 m de large et presque 15 m de long pour un poids total en charge de 28 tonnes.
Retour à Mont-Louis et sa forteresse « toujours Vauban » classée au patrimoine mondial de l’Unesco qui fait partie de la ville haute. Nous ne pouvons pas y accéder (base militaire toujours en activité). Dans la ville basse, nous passons devant un four solaire et une église de 1733 où il était de coutume de danser la sardane sur le parvis.
Un peu d’histoire : les cathares étaient des végans et ne vénéraient pas le sacrifice de la croix. Au fil des années, ils ont été considérés comme non chrétiens donc hérétiques. C’est le début des croisades et ses atrocités comme à Béziers, Carcassonne ou Toulouse. Le cardinal Lavigerie a dit cette célèbre et macabre phrase « tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens ». Simon de Montfort a été l’un des protagonistes de cette noire période. Les guerres se sont succédé jusqu’au traité des Pyrénées le 7 novembre 1659 (c’est notre frontière actuelle).
Nous reprenons notre car en direction des châteaux de Quéribus « le roc rouge du sang des hérétiques » et Peyrepertuse. Ces châteaux sont tous sur un piton rocheux et très difficile d’accès. Nous ne verrons ces forteresses qu’en photos car la météo ne nous permettait pas d’y aller et les cars de 14.80 m n’y avaient pas accès. Nous faisons donc une halte à Cucugnan. Alphonse Daudet a traduit de l’occitan en français le curé de Cucugnan.
Bref résumé de ce livre : dans cette ville, l’église était déserte et le curé pour ramener ses ouailles a inventé une histoire, qu’un trésor était dans l’église et qu’il allait le partager avec ses paroissiens. Tous les cucugnanais se précipitèrent à la messe. Le curé leur a également dit qu’ils étaient tous inscrits en Enfer, donc tous ont été au confessionnal. En conséquence, le curé fut content et son église avait retrouvé ses fidèles.
Dans la ville, il y a des fresques en trompe-l’œil, et un moulin qui n’a rien à voir avec celui d’Alphonse Daudet.
Sur la route du retour vers Tautavel, notre car était plein d’allégresse. Stéphanie nous a chanté une chanson de Boris Vian « la jeune fille du métro », chanson un soupçon coquin, puis ce furent les histoires entre autre belges. Un autre jeu, notre guide nous disait des phrases de chanson et nous devions trouver l’auteur et le titre. Très souvent cela se terminait par une chansonnette. Puis elle nous récita la citation d’un poème d’un africain pour son homologue français, et les fameuses légendes cathares comme celle de cet abbé, qui aurait trouvé le trésor des cathares ou celui des templiers. En tout cas il menait grand train avec les plus grands de ce monde. Il n’y a pas de fumée sans feu…
Nous retrouvons notre village à Tautavel avec une surprise, la venue de notre « trio de choc » d’espace voyages, Laurent, Estelle et Émilie. Nous dégustons notre dernier dîner (salade catalane, pintade et bavarois aux fruits rouges). Nous terminons notre soirée avec Marc Zanetti et ses chansons françaises et catalanes (entre autre l’hymne catalan repris dans les stades de rugby). Nous avons même esquissé quelques pas de danse. Gérard notre chauffeur nous a avoué qu’il était épuisé par cette journée, conséquence de son extrême concentration dans les montagnes.
Jeudi : nous quittons notre village vacances à 8h30 sous les marques de sympathie de toute l’équipe. On ne peut pas quitter Tautavel (700 âmes) sans parler de la découverte de cette grotte où un crâne a été découvert, de l’énorme fresque de 40 pièces de Raymond Moreti (cela a pris 2 ans pour la déplacer de Paris à Tautavel), de son palais des congrès, de son université archéologique.
Nous arrivons à la forteresse de Salse semi-enterrée (rectangle de 115 m X 90). Elle a été construite par les espagnols en 1497 en seulement 6 ans. Elle est située au pied de l’étang de Salse. Certains murs de cette bâtisse ont 20 m d’épaisseur. Elle pouvait contenir 1500 soldats et 300 cavaliers (on accédait aux écuries par un souterrain). Elle est infranchissable, la salle du gouverneur était très bien défendue avec ses successions de couloirs à chicane, ses petits paliers, ses impasses, ses pièges et ses meurtrières. De plus la porte du gouverneur était blindée et en face d’elle se tenait une immense cheminée qui empêchait l’utilisation d’un bélier. Sa construction a représenté 20% du revenu annuel de l’Espagne. Certains d’entre nous ont ramené quelques souvenirs (piqures de moustiques).
Il est l’heure de reprendre notre route pour le domaine de Gaillac au cœur du Larzac. Nous sommes attendus de pied ferme toujours avec notre « trio de choc » pour un super déjeuner – Kir, terrine aux trois légumes (carottes, oignons et brocolis) – salade et son pâté du domaine aux noisettes – une belle part de cochon grillé devant nos yeux dans une énorme cheminée avec l’aide d’un flambadou – ratatouille et truffade – les fromages aveyronnais roquefort pérail – framboisier – café arrosé de liqueur de genièvre (pour ceux qui le voulaient). Après cet instant pantagruélique, direction vers la projection d’un film de 25 mn qui relate la vie de la campagne aveyronnaise au siècle dernier. Puis les propriétaires nous font visiter sur près de 800 m2 d’anciens outils comme cette échelle à meule de foin, des différentes voitures d’attelage, des métiers oubliés comme le bourrelier, le rétameur, le postillon, le sabotier, le forgeron, le cantonnier, le rémouleur et bien d’autres. Nous visitons de très belles scènes criantes de vérité telles que cette réplique d’une classe avec au tableau la morale du jour. On a pu admirer l’écriture des cahiers de ces enfants de 11 ans. On pourrait s’en inspirer. Et la scène de la maisonnée où trois générations habitaient sous le même toit. En un mot, c’est vraiment un endroit magique où l’on aimerait se poser un peu plus longtemps.
Nous n’avons pas vu le temps passer, déjà 4 h 05, nous repartons pour la plupart d’entre nous une sieste bienfaitrice. Après avoir dit au revoir à notre chauffeur Gérard, nous arrivons sous la pluie à Montission à 23 h.
Ce que l’on retiendra de ce séjour :
– ce sont des gens chaleureux dans les villages vacances,
– c’est une magnifique contrée riche par son territoire, ses richesses son histoire,
– c’est notre « trio de choc » qui a œuvré pour que notre séjour soit idyllique,
– c’est notre guide Stéphanie, son humeur joviale, ses connaissances tant historiques que pour ces blagues savoureuses, et son expression adressé à Gérard « tout schuss »,
– c’est notre chauffeur Gérard avec son professionnalisme et ses « mes chéries », il est sicilien !!…
– ce sont tous les participants de Saint-Jean Bien-Être qui ont contribué à ce magnifique séjour.
Texte : Sylvie Portheault